28/02/2018

Le métèque, par Georges Moustaki




Avec ma gueule de métèque 
De Juif errant, de pâtre grec 
Et mes cheveux aux quatre vents 
Avec mes yeux tout délavés 
Qui me donnent l'air de rêver 
Moi qui ne rêve plus souvent 
Avec mes mains de maraudeur 
De musicien et de rôdeur 
Qui ont pillé tant de jardins 
Avec ma bouche qui a bu 
Qui a embrassé et mordu 
Sans jamais assouvir sa faim 

Avec ma gueule de métèque 
De Juif errant, de pâtre grec 
De voleur et de vagabond 
Avec ma peau qui s'est frottée 
Au soleil de tous les étés 
Et tout ce qui portait jupon 
Avec mon cœur qui a su faire 


Souffrir autant qu'il a souffert 
Sans pour cela faire d'histoires 
Avec mon âme qui n'a plus 
La moindre chance de salut 
Pour éviter le purgatoire 

Avec ma gueule de métèque 
De Juif errant, de pâtre grec 
Et mes cheveux aux quatre vents 
Je viendrai, ma douce captive 
Mon âme sœur, ma source vive 
Je viendrai boire tes vingt ans 
Et je serai prince de sang 
Rêveur ou bien adolescent 
Comme il te plaira de choisir 
Et nous ferons de chaque jour 
Toute une éternité d'amour 
Que nous vivrons à en mourir 

Et nous ferons de chaque jour 
Toute une éternité d'amour 
Que nous vivrons à en mourir

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire